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Atelier de Forrest Yoga le 23 septembre !

Yoga Sutra de Patanjali
Les modalités du fonctionnement du mental

Pratyakṣa-anumāna-āgamāḥ pramāṇāni ||7||

Viparyayaḥ mithyā-jñānam-atadrūpa-pratiṣṭham ||8||

Sabda-jñāna-anupātī vastu-śūnyaḥ vikalpaḥ ||9||

Abhāva-pratyaya-ālambanā tamaḥ vṛttiḥ nidrā ||10||

Anubhūta-viṣaya-asaṃpramoṣaḥ smṛtiḥ ||11||

Les preuves d’une connaissance juste sont la perception sensorielle directe, la déduction par inférence, l’enseignement traditionnel. La non-discrimination aboutit à une connaissance erronée parce qu’elle n’est pas fondée sur la vraie nature des choses. L’imagination est vide de substance car elle s’appuie sur la connaissance verbale. Le sommeil avec rêves est une agitation du mental fondée sur un contenu fictif. La mémoire est la persistance des impressions laissées par les objets perçus dans la substance mentale.

Les modalités du mental à la base de nos souffrances - ce que disent les yoga sutra

Il y a des périodes de vie où nous sommes dans des transitions. Qui dit transition, dit fin de quelque chose et début d’autre chose.

Ces moments peuvent être source de stress et d’angoisse et peuvent amener à se poser de multiples questions, à perdre confiance voire perdre pied parfois. Il en est ainsi de la quarantaine pour certains.

La fin de quelque chose, c’est une petite mort. Il faut réussir à en faire son deuil, à tourner la page. Cela peut être le deuil d’une personne suite à son décès ou parce qu’elle sort de votre vie. Le connu devient inconnu. Et l’inconnu, aussi mystérieux soit-il, est un point d’interrogation. On sort alors de sa zone de confort. Et l’être humain aime rarement sortir de sa zone de confort.

Face à ces changements, bien souvent on imagine un futur qui sera OBLIGATOIREMENT NÉGATIF, le passé étant l’âge d’or, c’est bien connu (n’imaginez pas que je sois contre les changements, bien au contraire MAIS tomber dans l’excès inverse et dire que le passé est forcément archaïque c’est, pour moi, tombé pile dans l’opposé extrême).

Pour moi,  l’avenir n’est pas un nouveau départ. C’est une continuation. Je bifurque simplement. Mon présent est la résultante de mon passé (c’est la loi du karma, des causes qui mènent à une conséquence). Il n’y a pas de rupture franche mais plutôt un coude avec de nouvelles perspectives.

Le yoga m’a appris cela : au delà de calmer les vrttis de Citta (Yoga Sutras I,2 de Patajanli Yoga Citta vritti nirodah), le yoga permet de tracer une vie tout en continuité. La vie n’est pas tout le temps facile ? C’est vrai. Pour autant faut-il céder à la panique ?

La vie n’est pas permanente : il y a une chose dont on est sûr, c’est qu’on va mourir. Faut-il s’angoisser outre mesure ? Cesser de faire quoique ce soit par peur ?

Au-delà de ces interrogations, pourquoi notre mental produit-il ces perturbations (les vrttis) ? D’où viennent-elles ?

Patanjali mentionne cinq sortes de vrtti (vr̥ttayaḥ pañcatayyaḥ kliṣṭākliṣṭāḥ // pramāṇa viparyaya vikalpa nidrā smr̥tayaḥ YS I, 5-6) :

  • pramāṇa: jugement valide ou connaissance objective basée sur l’expérience ou l’expérimentation;
  • viparyaya: jugement erroné ou connaissance non objective qui ne repose pas sur l’expérience ou l’expérimentation;
  • vikalpa: conceptualisation ou connaissance indirecte basée sur la parole, les mots ou encore l’imagination qui ne s’appuient pas sur la réalité;
  • nidrā: sommeil, somnolence mais aussi perte de l’attention;
  • smṛti: impressions accumulées dans le citta mais aussi appel à la mémoire.

Ce sont les cinq modalités du fonctionnement mental. Nous avons besoin du mental. Cela n’est pas contesté, Cependant, un nettoyage est peut être nécessaire car notre discernement selon Patanjali est brouillé par nos émotions, nos traumatismes, nos schémas habituels, nos interdits culturels. De là, naissent confusion et souffrance.

Pour mieux comprendre, il faut revenir aux vrtti du deuxième sutra. Les vrtti, douloureux et non douloureux (kliṣṭākliṣṭāḥ), ce sont les schémas de pensée. Les kleshas sont les impuretés dans les schémas de pensée.

Les kleshas dans la philosophie du yoga

Je m’inspire ici d’un excellent tableau synoptique établi par I.K. TAIMINI dans son livre « La science du yoga de \’humain au divin ».

Que sont les kleshas ? Les kleshas sont fondamentalement tout ce qui cause nos « misères » ou malheurs :

  • avidya: l’ignorance, le voile de l’illusion
  • asmita : l’égoïsme, le sens du Je
  • raga : l’attachement, la dépendance
  • dvesha : la répulsion, le dégout,
  • abhiniveshah : la peur de la mort.

Les définitions des kleshas et les actions à réaliser sont l’objet du Sadhana Padha, le second chapitre des Yoga Sutras de Patanjali (d’où la numérotation dans le tableau ci dessous du « sutra.II »).

 

Que sont les kleshas ?

Enumérations et définitions

YS 3,4,5,6,7,8,9 .II

Comment sont ils détruits ?

Méthode générale

YS 10 et11.II

Pourquoi faut il les détruire ?

Ils nous confinent dans le cycle du samsara et dans les misères de la vie

YS 12,13,14, et 15.II

Les misères de la vie peuvent-elles être détruites ?

oui

YS 16.II

Quelle est la cause fondamentale de ces misères ?

L’union et l’identification du Connaisseur avec le Connu

YS 17.II

Quelle est la nature du connu ?

Les interactions des bhutas, indryas et gunas qui finissent dans l’expérience et la libération

YS 18 et 19.II

Quelle est la nature du Connaisseur ?

Le connaisseur est pure conscience Purusha

YS 20, 21 et 22.II

Pourquoi le Connaisseur et le connu ont-ils été unis ?

Pour l’évolution des pouvoirs de Prakriti et la réalisation de Purusha

YS 23.II

Comment le Connaisseur et le Connu ont ils été unis ?

Par un voile d’illusion causé par avidya

YS 24.II

Comment peuvent-ils être séparés ?

En détruisant le voile d’illusion causé par avidya

YS 25.II

Comment ce voile peut il être détruit ?

Par viveka qui conduit à une conscience croissante de sa propre nature par le Purusha

YS 26 et 27.II

Comment développer viveka ?

Par la pratique du yoga

YS 28.II

Patanjali estime qu’avidya (l’ignorance) est à la source des autres kleshas, et c’est vrai qu’à bien y réfléchir notre « ignorance » est très souvent, voire tout le temps, à la source de nos « malheurs », peurs, comportements égoïstes et refermés. J’ai peur de mon voisin, je me barricade chez moi. Je ne dis pas bonjour. Je ne fais pas le tri de mes ordures car mon voisin ne le fait pas.  ¨Pourquoi faire le premier pas ? Je risque de perdre quelque chose ». Notre société de l’hyper consommation est un voile d’ignorance (MAYA) profond et très lourd. On préfère courir à la catastrophe car on n’ose pas remettre en cause un certain confort matériel. Je préfère critiquer une personne plutôt que de voir ce que moi je dis vraiment.

Comment sortir de notre condition ?

Si nous ne faisons rien, les kleshas nous entrainent dans un cycle sans fin de naissance et de mort (le samsara) et dans les misères de la vie (théorie du karma indien). Pour y remédier, viveka (le discernement) détruira ce voile d’illusion et ce par la pratique du yoga.

Pratiquer le discernement est un exercice difficile du fait de nos attachements, de notre façon de penser, de nos peurs, de nos hontes. Reconnaître ses attachements est le premier pas : peut être un des plus grands. Cela peut permettre de sortir de certains conditionnements.

Avec le yoga, j’ai appris petit à petit à reconnaître certains de mes attachements et à travailler dessus. Ce n’est pas joli-joli parfois et c’est même laborieux et ça peut faire mal. Cependant, je me vois progresser. J’avance. C’est mieux qu’hier et vraisemblablement moins bien que demain, mais c’est, c’est tout. Je ne regrette rien de ce que j’ai fait : je l’ai fait. Je peux juste faire en sorte de faire mieux chaque jour. Et cette attitude n’est possible que si je lève un morceau de ce voile sur moi, et que j’écoute. Les transitions sont aussi là pour ça. Et bien souvent, à force de patience, de ces transitions sortent de belles choses !

Comment mieux discerner ? Généralement, cela se fait à l’aide de l‘intuition. Il ne s’agit pas d’agir impulsivement et en toute impunité. Il s’agit d’affiner et raffiner son intuition que bien souvent nous avons enfoui sous des tonnes d’apprentissages et de mots. L’intuition est directement connectée au Soi. Elle agit pour ce Soi, elle est le Soi. Pas l’ego, le moi. L’intuition est reliée à l’Âme. Il s’agit donc d’introduire de l’âme dans ce que nous voyons, pensons, ressentons, disons.

Dans mon espace personnelle, la notion de l’enfant intérieur revient souvent. Laissez son cœur parler à l’unisson de ce que ressent notre enfant intérieur. Celui que nous étions. Parce qu’il faut être sérieux et responsable, performant et travailleur au sens social du terme, nous abandonnons notre enfant intérieur pour devenir un ADULTE. Plus de rêves, de lâcher prise. Notre intuition n’a plus de place. Nous réfléchissons, pesons le pour et le contre. Il n’y a plus d’imagination au sens de créativité. Il y a un cadre. Formaté.

Il ne s’agit pas non plus de se désinhiber, de lâcher les responsabilités. Même en yoga vous êtes responsable, à travers SATYA et ASTEYA. La responsabilité en tant qu’honnêteté et pureté. Si vous êtes professeur, vous êtes responsable de vos élèves, de ce que vous proposez aux élèves, de l’enseignement que vous partagez.

Un exercice d'observation

Aussi je vous propose de prendre votre journal et votre crayon. Inspirez profondément. Quels sont vos rêves ? Quels sont vos motifs de joie ? A quel moment vous sentez-vous le plus libre ? Le plus en connexion avec ce que vous ressentez ? Que ressentez vous ? Quelle est l’action que vous pourriez mettre en place pour être un plus en connexion avec ce désir du cœur ? A votre avis, pourquoi ne suivons-nous pas plus nos désirs du cœur ? Continuez de respirer profondément calmement.

Relisez les 5 modalités du fonctionnement du mental. Analysez la journée avec cette liste. Et maintenant, reprenez ce que vous avez écrit sur les raisons pour lesquelles nous ne suivons pas nos désirs du cœur. Essayez de le mettre en correspondance avec les modalités de fonctionnement du mental.

Bien souvent, nous abandonnons notre intuition connectée avec notre âme. Nous mettons en place un processus de réflexion qui est bien souvent influencée. Combien de fois me suis-je fiée à une parole plutôt qu’à ce que je ressentais vraiment… à tel point d’avoir une image peu flatteuse de moi à certains égards. Je m’en rends compte maintenant. L’observation permet d’analyser et de laisser doucement de côté ce qui n’est pas notre Soi.

C’est à vous de jouer !

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