Les textes indiens du Yoga

Faut-il avoir étudié les textes indiens pour faire du yoga ?

Je pense qu’il faut avoir quelques bases si on souhaite sincèrement faire ce chemin. Cependant, le choix de tous les connaître vous appartient. Comme il n’est pas nécessaire d’embrasser la religion indienne pour faire du yoga. Pourquoi ? Peut on dire qu’on peut pratiquer un yoga occidentalisé sans référence à l’Inde ?

Ma réponse est oui. D’abord parce que les 3/4 des séances enseignées sont loin de ce que l’on trouve en Inde. Ce n’est pas une critique. Un bon prof (car oui il y a des classes de yoga qui ne sont pas du yoga mais de la gym) organise son cours avec son cœur et des éléments qui lui ont été transmis ou qui sont chargés symboliquement (mantra, mudra, chakras).

Cependant, la lignée avec un swami, un Maître, n’est pas une obligation.

Soyons clairs à ce sujet. Au début de votre engagement sur la voie du yoga, vous pourrez vous contenter de votre professeur et du cours hebdomadaire.

Si vous souhaitez aller plus loin, vous allez rechercher un professeur qui puisse vous apporter sinon des réponse au moins de clés.

Et puis, vous allez avoir envie d’aller encore plus loin. Et vous allez chercher. Peut être que cette personne se trouvera juste à côté de chez vous, peut être sera-t-elle située sur un autre continent.

La source indienne EST la source

La source indienne est magnifique. Personnellement, je suis plus qu’enchantée d’avoir appris en partie (je dis en partie car ma prof des yoga sutra c’est mon amie Anne NUOTIO qui elle même a été élève du Dr M.A JAYASHREE) les yoga sutra avec Dr. M.A  JAYASHREE.

La source indienne EST la source et bien souvent votre professeur va se référer à son propre Maître. J’ai appris la méthode SATYANANDA pour le yoga nidra. Je suis une élève de Rod STRYKER pour ce qui relève du tantra et du yoga nidra : celui-ci fait toujours référence à SWAMI RAMA.

Mais il y a aussi un certain réalisme : nous sommes en Occident. Ce serait mentir que de dire que j’enseigne selon la tradition indienne. De part l’origine de mes enseignants. Mais aussi parce qu’en étant occidental je ne peux réfuter que je suis forcément pétrie de principes occidentaux, même si je m’efforce d’appliquer les enseignements indiens.

Force également de constater que même en Inde, le yoga évolue, sous l’influence d’ailleurs de l’Occident et de ce que l’on appelle la modernité.

Ne cherchez pas un yoga authentique

Cependant, sachez que lire les textes indiens, s’ouvrir à une culture différente de la sienne, c’est quelque chose d’extraordinaire.

Au delà, je dirai qu’il est extraordinaire de faire coexister tout ce que nous recevons.

Second élément : les textes indiens ont également évolué tout comme beaucoup de notions. Le yoga pratiqué il y a 4000 ans n’a rien à voir avec celui des années 1920 ni avec celui de 2022 ! C’est pour cela qu’il ne faut pas s’arc-bouter sur une application stricte des textes. Je dirais qu’il faut au moins savoir pourquoi on le fait. Il n’y a pas de yoga traditionnel et de yoga occidental. Il n’y a pas d’opposition. Tous différents, nous nous devons de nous respecter dans un cours et de pratiquer ce qui nous correspond.

Quels sont les textes importants de l'Inde ? Quels sont ceux qu'il faut consulter ?

Il faut bien comprendre qu’on peut distinguer deux périodes : celle de la shruti “la connaissance révélée” où les textes relèvent de la tradition orale et celle de la smriti “ce qui fait partie de la tradition”.

La shruti

Les premiers textes sont les Vedas, le « savoir ».

De texte, au départ, il n’y a point. Ils seront écrits que bien plus tard.

 Les textes les plus anciens sont formés des quatre Saṃhitā, ou recueils constituant les quatre Veda :

  • Rig-Véda : composé de strophes, c’est une anthologie d’hymnes aux divinités. Ceux-ci n’ont peu ou pas de relation au culte.
  • Yajur-Veda : ce sont des formules accompagnant la liturgie des éléments en prose ou de simples formules.
  • Sama-Veda : on parle de mélodies empruntés au Rig-Veda mais arrangées pour les chants sacrés comportant des notations musicales. Ce sont les chants que nous appelons communément « mantras ».
  • Atharveda : analogue au Rig-Veda avec des caractères magiques et spéculatifs (ce recueil est souvent ignoré)

À côté de ces quatre Samhita, on va trouver les Brāhmaṇās qui sont des interprétations sur le Brahman, les Āraṇyaka ou « Traités forestiers » à réciter loin des agglomérations et les Upaniṣad (VIIème siècle) ou « Approches » à caractère spéculatif qui ont pour seule matière la métaphysique.

La smrtri

La smriti est le pendant populaire de la shruti, à travers l’histoire des dieux et des héros, elle instruit sur la pensée indienne. On y trouve :

– les textes épiques : le Mahabharata (dont fait partie la Bhagavad Gita, le Chant du Bienheureux) et le Ramayana

– les Purana, textes mythologiques centrés sur un aspect particulier du divin

– les Agama, traité théologique

– les 6 Darshana, textes philosophiques

Les darshanas

Les Darshanas sont des points de vue philosophique qui fondent l’ensemble de la philosophie brahmanique et hindoue. On y trouve :

  • le Nyāya est le point de vue de la logique,
  • le Vaiśeṣika est le point de vue de la ‘distinction’, de la ‘particularité’ ou du ‘discriminatif’ (vishesha), grâce auquel le monde peut être analysé,
  • le Sāṃkhya est le point de vue psycho-cosmologique, dont la méthode est la spéculation intellectuelle. Le texte de base de cette doctrine est la Samkhya Karika
  • le Yoga ou le Sāṃkhya-Yoga est le point de vue psychologique ou psychique de l’identification qui est lié à la perception et à l’intuition du monde subtil et dont la méthode est le contrôle du mental, des sens et des facultés internes. Ce point de vue est exposé dans les Yoga Sūtra de Patanjali.
  • la Mīmāṃsā est le point de vue théologique et herméneutique de la réflexion, dont la méthode est l’étude et la recherche dans les Écritures sacrées et de la révélation.
  • le Vedānta est le point de vue métaphysique, dont la méthode est la spéculation abstraite. Ce point de vue se base sur les Upaniṣad, la Bhagavadgītā et le Brahma Sūtra.

Les textes plus tardifs

On trouve ensuite, des textes importants mais plus tardifs (XVème siècle) : la Hatha Yoga Pradipika, “Éclaircissement ou petite lampe du Haṭhayoga” ainsi que la Gheranda Samhita, la Goraksha-Shataka ou encore la Shiva Samhita.

Le Hatha Yoga Pradipika, la Gheranda Samita et le Vijnana Bhairava Tantra sont les principaux textes du yoga tantrique (mais les textes védiques sont aussi considérés comme tantriques, comme les Upanishad). Le tantrisme est un courant qui a pris naissance au bord de l’Indus vers l’an 500 et s’inscrit dans la continuité des Vedas.

En quoi le yoga a-t-il évolué ?

J’ai collationné beaucoup d’informations dont une partie issue de mes lectures, l’autre partie d’internet.

Brahman

Le dieu des Vedas est le Brahman, qui est la Réalité Ultime, l’Âme Absolue ou Universelle (Paramatman), l’Un. Le Brahman est l’indescriptible, le neutre, l’omniscient, l’omniprésent, l’original, l’existence illimitée, l’Absolu transcendant et immanent, l’éternel, l’Être, et le principe ultime qui est sans commencement et sans fin, – dans l’univers entier. Le Brahman (différent de la divinité Brahmâ ou le nom des prêtres hindous, les brâhmanes) est vu comme l’Âme Cosmique.

Cet Absolu, ou tat en sanscrit («Cela») est par sa nature même impossible à représenter. L’Absolu est tantôt manifesté : Tat Vam Açi ( Tu es Cela), ou «Tout cela est Brahman», tantôt non-manifesté : «le Brahman est Vérité, le monde est Illusion». Il est SAT CHIT ANADA (Etre Conscience Joie) – voir l’article Atman Brahman.

Vision des tantras

La tantra considère que la réalité est une. Pour créer le monde, elle se bipolarise et cette bipolarité de l’Un, une couple enlacé, est dans un état de félicité éternelle. L’être humain est conçu comme un microcosme et fait partie d’un grand tout, l’Univers. le yoga est le moyen de réaliser dans son corps l’union des 2 principes : masculin / féminin, conscience / énergie, microcosme / macrocosme.

Nous faisons l’expérience de nous même comme des personnes distinctes et séparées dans un univers d’objet. malgré la dualité apparente, le réalité est non duelle, c’est Brahman. Pour le tantrisme, nous sentons que nous sommes autre chose que notre corps et notre esprit. ATMAN, notre SOI est au delà du corps et de l’Esprit. ATMAN est BRAHMAN. La tantrisme est non duel, tout comme les Vedas.

Le Samkhya

Dans le système (philosophique) voisin, le Sâmkhya, est  fondé sur un dualisme entre l’esprit (Purusha) et la nature (Prakriti). Le yoga va viser à la réintégration, et il sert à percevoir la nature des représentations mentales et de la conscience et d’arriver à l’union avec la forme subtile de l’Être. Les yoga sutra de Patanjali sont le discours de la méthode pour y parvenir. Vous pouvez lire l’article consacré au Samkhya, ICI.

Il sera bien assez temps de décrire précisément l’apport de tous les textes cités plus haut et il me faudra plus qu’une vie pour tout comprendre. Mais ces quelques lignes résument le grand système philosophique de l’hindouisme et du yoga et permet de comprendre ou plus modestement de percevoir toutes les grandes questions auxquelles on est confronté en pratiquant le yoga et dont la plus importante est QUI SUIS JE ?

yogasutra textes indiens yoga indian text

Vous souhaitez approfondir votre pratique de yoga ?

Pour cela,

  • vous pouvez écouter mon podcast AU FIL DU YOGA, dont tous les épisodes sont réunis ICI
  • vous pouvez participer à mes ATELIERS, STAGES et FORMATIONS, vous trouverez l’information ICI

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Retour en haut