Apavarga tout comme Bhoga se retrouvent notamment dans le sutra 18 du Sadhana Pada de Patanjali.
prakasa kriya sthiti silam bhutendriyatmakam bhogapavargartham drsyam
“La nature Prakriti, ses trois qualités, sattva, rajas et tamas, et ses produits, les éléments, le mental, les sens de perception et les organes d’action, existent éternellement pour servir le témoin en lui permettant de jouir de l’expérience sensorielle ou d’en être libéré.” (Iyengar, Lumière sur les yoga sutra de Patanjali).
Iyengar écrit que “toutes ces caractéristiques et qualités sont établies dans les éléments de la nature, les sens, le mental, l’intelligence et l’ego. Ensemble, ils fonctionnent harmonieusement sous forme d’illumination, d’action et d’inertie, permettant au témoin de jouir des plaisirs du monde ou de s’en écarter pour faire l’expérience de la libération”.
Je cite à escient Iyengar car l’exégèse qui est faite des Yoga Sutra s’éloignent quelque peu de la définition tantrique des mêmes notions. En effet, je saisis dans les Yoga sutra que la libération ne peut se faire qu’en dehors de ce monde, en s’en excluant.
Si séduisant que cela puisse paraitre, je ne peux me tourner complètement vers cette définition. D’abord parce quelle est inatteignable pour ce qui me concerne : je souffre d’attachement (par exemple mes enfants) et je ne pense pas pouvoir me retirer du monde afin d’atteindre cette forme ultime de liberté. Et ce, bien que la question des attachements soit super importante et je suis en pleine réflexion là dessus. ..Mais j’ai plus tendance à penser que le mieux pour moi est d’ETRE acteur. C’est mon côté RAJAS qui ne peut rester sourd (demandez à ceux qui me côtoie, je n’arrête pas : de faire, de parler, de bouger …). Et c’est pourquoi j’embrasse plutôt les définitions issues de la philosophie tantrique.
Apavargha
En effet, Apavarga constitue un volet important du tantra. C’est un mot sanskrit qui veut dire libération, émancipation. De fait, quand on vit pleinement, on met fin au conflit et on s’émancipe. C’est aussi vivre l’unité en vivant dans le monde en étant libre des contingences sociétales. Il ne s’agit pas de vivre en dehors du monde mais de vivre dans le monde tout en expérimentant son unité.
Bhukti
Bhukti c’est l’accomplissement. Le tantra nous enseigne que la connaissance de soi et l’autonomisation nous incite à faire les choses qui reflètent l’éclat de notre âme. Ce qui veut dire vivre une vie qui a une signification pour nous mais aussi qui a un rôle dans le dessein du grand Tout auquel nous appartenons.
Unité
Ce sont deux notions plus séduisantes pour moi : elles appellent à vivre l’unité (j’aime bien le mot ONENESS en anglais) tout en étant de ce monde.Mais c’est quoi l’unité ? Ha ! Je pense qu’on sent l’unité quand on est à sa place sans prise de tête. Pas d’interrogation, ni de remise en cause. Pas de crise de la 40aine ou 50aine. On est là. On accepte sa vie avec ses bonheurs et ses malheurs sans se dire “et si …”. C’est trouver dans chaque moment, et même dans ceux où on souffre physiquement ou même mentalement, un espace de silence sans heurt, comme si la vague des émotions s’aplanissait. C’est sentir que son corps, sa peau, ses organes sont à la fois petits et immenses. Nous sommes fait d’atomes. C’est l’infiniment petit. Ces atomes, on les retrouve dans l’infiniment grand, l’Espace, l’Univers. Notre microcosme est aussi le macrocosme du monde et inversement. Tout est en nous et en-dehors de nous.
accepter
Cette unité, c’est peut être accepté aussi ce que l’on est : ni superwoman, ni un être parfait. Je suis pleine d’imperfections et de défaillances. Je suis de terre glaise et je me façonne comme je peux au cours de mon existence terrestre. J’essaie d’appartenir à un monde et de contribuer à sa construction. J’avoue que le communion avec tous c’est pas gagné : c’est donc qu’il y a du chemin. Tout comme les attachements et les attentes limitent cette libération.
Les écueils à cette unité
Les attentes
Comment faire ? C’est difficile. Je me dis qu’il faut réussir à respirer dans ses attentes. Pourquoi attendons nous ? Nous avons des désirs et parfois ceux-ci procurent du plaisir. Alors nous avons des attentes. mais souvent celles-ci sont source de souffrance. Et on est suffisant bête (mais là c’est notre cerveau qui ne nous rend pas service) pour continuer à avoir des attentes. Cependant, quand on s’aperçoit d’une attente, on peut la travailler, en faire baisser le niveau d’intensité. J’ai des attentes. Elles sont terribles. La semaine dernière j’ai eu une attente. Non réalisée. J’en ai pleuré. Puis j’ai été en colère car j’avais eu cette attente. Elle a disparu. Et alors elle s’est réalisée. Parce que je me suis respectée. D’ailleurs souvent l’attente est liée à une autre personne : rendons nous compte du poids pesant sur les épaules de cette personne … Lever cette attente c’est la respecter aussi.
Les attachements
Et puis il y a les attachements. L’attachement à la famille, à la maison familiale, à un pull, à un endroit, aux amis, à une lettre, une photo. Bon hormis la famille.. et encore .. mon fils devrait quitter le cocon familiale … va bien falloir que je le laisse partir vivre sa vie… Pourquoi suis-je attachée à cet endroit ? Le fait de ne plus revenir à cet endroit va-t-il me faire souffrir ? Supprimer un texto va-t-il faire disparaitre la personne qui l’a écrit ? Vais-je souffrir ? Ces attachements, ce sont notre cerveau et la société qui les produisent. On peut vivre sans ces attachements. Il faut juste les “voir” vraiment et respirer dedans et se laisser le temps. On se rapproche d’une libération. Ce ne sera pas celle des différentes philosophies et spiritualités qui l’ont abordée mais ce sera déjà ENORME !
S’abonner au blog
Vous aimez ce que je raconte ? Alors n’hésitez pas à vous abonner au blog. A partager autour de vous l’adresse du blog, à me faire de la pub. Et puis à commenter. Parce que la raison d’être de ce blog c’est l’échange. J’aime beaucoup recevoir des messages de personnes dont la lecture d’un article les ont fait réfléchor peut être différemment à quelque chose.
Vous avez envie de suivre mes cours ? Vous êtes à Marseille ? Alors venez à mes ateliers. Vous êtes ailleurs, alors suivez mes cours en zoom. Pour être au courant, le mieux c’est de me suivre sur instagram @caro_carofilduyoga.