Forrest Yoga : prendre soin des gens
Episode 5
Le Forrest Yoga est réputé dans le monde pour sa dimension thérapeutique. On trouve même la phrase Forrest Yoga is medicine. Je suis très rétive à l’idée de dire que le Forrest Yoga est téhrapeutique. Bien française, je donne beaucoup d’importance au diplôme de médecine. Bien rationnelle, j’ai dû mal à croire que je puisse être d’une quelconque aide. Et puis, il y a tellement de dérapages dans le monde du yoga, qui est devenu une industrie, un business, que je n’ose m’aventurer sur un tel chemin. Et bien entendu, il y a aussi cette appréhension de faire croire que ..
Cependant, c’est vrai, le Forrest Yoga permet de développer une dimension thérapeutique pour le pratiquant. Parce qu’on apprend à prendre soin des gens, à développer ses qualités empathiques, à voir et à écouter.
Un parcours thérapeutique long et sinueux
Un parcours thérapeutique est long, usant. On passe par des moments de doute et puis des moments où on est bien. C’est un parcours du combattant, vraiment pas facile. Et puis, il dépend tellement aussi des maladies qui nous frappent. Je vais vous parler un peu de moi et de mes migraines. La migraine n’est pas mortelle. La migraine fait mal et est invalidante mais on n’en meurt pas. Il s’agit donc pour moi d’améliorer ma qualité de vie. Je vous indique cela à titre d’avertissement. Il s’agit d’un cas particulier et d’un chemin personnel. Je souhaite juste qu’il inspire pour pouvoir trouver la force de continuer.
Des charlatans, j’en ai rencontré sur mon parcours de vie. Je me méfie de tout ce qui peut se présenter comme l’unique solution à tel problème. J’ai vu tellement de gens se faire avoir, se faire abuser parce qu’à un moment donné de leur vie, ils ont eu des “faiblesses” et besoin d’aide. D’ailleurs, je m’inclus dans ces gens. Quand on souffre, physiquement ou émotionnellement, on cherche une solution pour s’en sortir. Migraineuse chronique, j’ai parfois ma sale tête. Je suis alors lessivée, je ne peux rien, RIEN, faire (ou presque puisque je travaille quand même, mais au ralenti). Et j’ai mal. On apprend à supporter un peu. On se médicamente, un peu pour ce qui me concerne. Et j’essaie d’être patiente en priant pour que ce que je mets en place fonctionne et que demain soit un nouveau jour. Le 2ème jour n’est pas souvent un nouveau jour. C’est le problème de la migraine. Et il y a tellement de maladies invalidantes que les gens ne soupçonnent pas …. tant qu’ils n’en souffrent pas. Et tant mieux pour eux !
Le yoga et l’ayurveda sont entrés dans ma vie en partie pour répondre à ce besoin de me soigner, là où la médecine conventionnelle ne trouvait pas de réponse. Un médecin est là pour essayer de soigner avec les moyens dont il dispose. Malheureusement, la médecine n’est pas une science exacte à 100 %. Pendant longtemps, la douleur a été ignorée. Pour autant ce n’est pas parce que la médecine ne trouve pas qu’il faut croire que ce qu’on appelle les médecines parallèles vont le faire. Une plante, une pierre peuvent faire du bien. Ou peuvent vous tuer. Aucune étude n’est venue soutenir que la lithothérapie avait des effets positifs si ce n’est placebo. De même, le fait de manger du végétal n’a pas nécessairement, forcément un effet positif sur votre corps. Et ce d’autant si on vous incite à arrêter le traitement que votre médecin vous a prescrit. Je ne dis pas non plus que les médicaments sont bons pour le corps en ce sens que des certains d’entre eux ont des effets secondaires. Je pense qu’un traitement cela se discute avec son médecin à qui l’on fait confiance. MAIS surtout on ne laisse pas une tierce personne nous dire qu’on devrait boire du jus de betterave pour se soigner et arrêter tout ce qui a été mis en place. Généralement cette tierce personne abuse de votre état de faiblesse.
Ceci étant dit beaucoup de médecine non conventionnelle peuvent vous aider à vous porter mieux et à vous faire du bien. Pour moi, cela a été l’acupuncture mais après bien des années à chercher la bonne personne. Mais revenons à nos moutons, et le rapport du Forrest Yoga avec tout cela.
L'empathie, la qualité première en Forrest Yoga
J’ai rencontré des gens merveilleux ayant la capacité de prendre soin des autres, de les aider. En un sens ils sont thérapeutes, sans en avoir le diplôme. Pourquoi ?
Ana Forrest dont la vie est très loin d’avoir été facile explique dans le chapitre 7 de son livre que nous sommes dotés, tous, à des degrés divers de la qualité d’empathie, c’est à dire de reconnaitre et comprendre les sentiments et les émotions d’un autre individu. Dans un sens plus général, elle représente la reconnaissance de ses états non-émotionnels, tels que ses propres croyances. Dans ce dernier cas, il est plus spécifiquement question de l’empathie cognitive. Dans le langage courant, le phénomène d’empathie est souvent illustré par l’expression « se mettre à la place de l’autre » (définition Wikipédia).
Vous noterez qu’il n’est pas question de guérir. Mais de prendre soin, ce qui est différent. Cela passe par la capacité d’écoute et celle de voir.
Voir et écouter
Savoir voir et écouter sont deux qualités qui sont développés en Forrest Yoga. Pour prendre soin de soi ( car si on n’est pas bien soi-même comment prendre soin des autres ?). Voir et écouter, ce n’est pas qu’ouvrir les yeux et regarder et entendre. Oui, on apprend à lire petit à petit le corps d’une personne, à déceler les blocages d’abord physiques, les blessures, les compensations et aussi à sentir l’énergie dégager par une personne. On l’entend alors avec ses yeux avec ses mains et avec son cœur. Être empathique, c’est cela. L’idéal n’est pas de prendre pour soi les blessures de l’autre afin d’aller au delà. On accompagne dès lors son élève à travers les asanas, le pranayama d’accompagner son élève. La séance se fait plus personnel même si vous avez 10 élèves avec vous. Le Forrest Yoga permet une adaptation permanente des postures et notamment aux blessures.
Ce qu’Ana Forrest a développé c’est la prise de conscience, aussi bien celle du professeur que de celle de l’élève, la prise de conscience qu’on peut vraiment se faire du bien en se prenant en main. Les intentions posées sont déterminées par rapport à ce qui est ressenti. Je me souviens qu’Amie, ma première prof de Forrest, demandait systématiquement en début de cours quelle était notre niveau d’énergie.
Pendant longtemps, j’ai douté de cette capacité à sentir. Sur certains exercices, certains pensaient que j’en serais incapable. Je ne leur lance pas la pierre parce que c’est ce que mon corps disait : Caro n’est pas capable. Parce que je me sentais différente des autres, bien trop rationnelle, bien trop les pieds sur terre. Parce que je ne disais jamais : “je sens”. Parce que je ne me faisais pas confiance. Ce qu’écrit Ana Forrest, c’est que tout émet de l’énergie. Il n’y a pas besoin que vous vous entriez en transe pour sentir ! Et oui ! Il y a plusieurs degrés.
Je crois que j’ai perdu ce manque de croyance en mes capacités entre mes ateliers de bodywork avec Jambo et ma formation de Forrest en anglais. A escient, je dis avec avec ma formation en anglais. Le fait de devoir investir une formation dans une langue que je pratiquais peu m’a mise dans une situation inconfortable où j’ai dû abandonner pas mal de choses. Comprendre est une chose, elle se fait presqu’au niveau instinctif/ intuitif. Et c’est ce qui s’est passé, j’ai dû mettre le mental sur pause et laisser le corps faire. C’est un processus long. Très long. La respiration est centrale. L’observation et l’écoute de son propre corps aussi. Il s’agit de dépoussiérer ses capacités, ré-apprendre à écouter son intuition.
La confiance des profs est essentielle. Parce qu’ils vous poussent, essaient de trouver le truc qui va déclencher en vous la réponse. Je crois aussi que le fait d’enseigner en anglais a été un déclencheur. Wow ! Comment tout dire ? Ben je ne pouvais pas ! Alors ce sont les mains qui prennent le relais. Parce qu’on apprend à assister la personne : ce sont les “hands-on assists”. Soyons bien clair à ce sujet : il ne s’agit pas d’être sur la personne H24 et la toucher tout le temps. Le toucher est doux et sensitif. Il permet à la personne de prendre conscience de son corps, de croire en ses capacités, de sentir le corps, la respiration, la posture aussi pour aller au-delà du blocage. On demande la permission, la permission d’entrer dans l’espace de la personne. Par la vibration de qui l’on est, on instaure un dialogue muet avec le corps de l’autre. On ressent ce qui peut être approprié de ce qui ne l’est pas. Parce qu’on apprend à enseigner avec les traumas de l’autre, parce qu’on fait beaucoup d’anatomie.
Cependant, ce n’est pas parce que l’on apprend cela que je peux dire que je soigne l’autre. C’est pour cela que je dis que je ne suis pas une thérapeute. Pour moi, c’est une façon d’aider. C’est la personne elle-même en retrouvant ses capacités ou en les découvrant qui fait le chemin. Le prof de Forrest Yoga ne fait que mettre la personne sur cette voie. Le prof de yoga est donc une personne qui éprouve de l’empathie qui aide. C’est comme cela que je définis, ce qu’appelle Ana Forrest le “healer”.
Personnellement, j’essaie de créer un espace pour mes élèves. Celui d’être bien, celui de se libérer d’un poids. Au moins de permettre au corps de trouver un peu de souplesse (comme au mental d’ailleurs), de se détendre.
On a des postures particulières : neck release pour détendre le cou et la nuque, wrist stretches pour redonner de la souplesse aux poignets, des abdos pour retrouver une intégrité physique et un équilibre, des inversions pour lutter contre ses peurs et prendre confiance en sa force.
J’invite tout le temps mes élèves à occuper leur espace en soupirant fort, en abandonnant des postures figées, à respirer pleinement pour vraiment sentir la vie dans tout le corps (partout).
La voix est aussi importante. On apprend à cultiver sa voix, à lui donner de l’ampleur, de la saveur, de l’intensité. Elle est l’énergie. Elle est ce qui accompagne. On vibre tous, à des niveaux différents. La vibration d ela voix va entrer en résonance avec le corps de l’élève pour l’accompagner. Moi, en tant que prof, je ne fais rien. Je ne fais qu’accompagner.
Le Forrest Yoga est intense. Il aide à drainer le corps, à évacuer ce qui est inutile. Voilà pourquoi on dit que le Forrest Yoga est thérapeutique. Mais aussi parce chaque posture est adaptée au corps. Parce qu’on devient conscient de tout son corps. Je ne peux pas dire que je n’ai plus de sciatique (autre truc incapacitant) mais le Forrest Yoga me permet vraiment de la gérer et de savoir, savoir commet bouger en réactivant l’intégrité physique pour traverser cette période plus ou moins douloureuse.
Je ne peux que vous inviter à essayer le Forrest Yoga. Si vous consultez ma page Mes ateliers, vous retrouverez toutes mes infos. Et puis sur You tube, sur la page Forrest Yoga avec Caro (tout simplement), vous trouverez quelques vidéos simples vous présentant des séances de Forrest Yoga en français.
Pour aller plus loin
Le livre d’Ana Forrest , Fierce Medicine
Le site internet www.forrestyoga.com
@forrestyoga