Yoga sutra de Patanjali - les notions essentielles
Il y a peu, j’ai édité un article qui étudie les premières lignes des Yoga sutras de Patanjali, cf Yoga sutra de Patanjali : introduction
Le présent article va vous permettre de mieux appréhender la structure des yoga sutra. J’utilise à dessein, les mots sanskrits avec une traduction afin de vous familiariser.
Avez vous jamais essayé d’expliquer le yoga ?
Je trouve que c’est dur de trouver le juste mot qui soit à la fois entendable et compréhensible pour la personne qui vous écoute. Bien souvent, d’ailleurs, on adapte son explication à la personne en face de soi. Alors que si vous vous imprégnez au fur et à mesure de votre chemin de la signification profonde revêtue par le mot sanskrit, à mon sens, on touche plus à l’essence même de ce qu’est le yoga.
Je vous ai peut être déjà parlé du chanting des yoga sutra : il s’agit de chanter et non pas de réciter les Yoga Sutras de Patanjali. Pour moi, cet acte entre dans deux des voies du yoga : le jnana yoga et le bhakti yoga.
Chacun a sa méthode : le chanting a cette vertu de me poser là à un endroit bien précis quand d’autres pratiques, bien que plaisantes, ne parviennent pas à m’ancrer complètement. En même temps que je chante, je relis les commentaires en français des sutras. La Science du Yoga de Taimini est un traité très complet des yoga sutras et qui revient sur les notions de base pour bien comprendre les aphorismes. Je suis loin de tout avoir lu mais ils m’apportent un éclairage très précis, aspect que j’apprécie particulièrement.
Patanjali, l'auteur des yoga sutras ?
La structure des yoga sutras
Le ashtanga yoga de Patanjali
On y trouve :
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les yama (II.30), principes universels – ce sont les réfrènements à avoir vis-à-vis de la société: ahimsa (la non violence, II.35), satya (la véracité, II.36), asteya (absence de vol, II.37), brahmacarya (continence, II.38) et aparigraha (la pauvreté, II.39)
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les nyama (II.32), principes universels à avoir envers soi -même – les disciplines : sauca (pureté, II.32 et II.40), santosa (le contentement, II.42), tapas (dédication, austérité, II.43), svadhyaya (l’étude des écritures et de soi, II.44) et isvara pranidhana (abandon total au Seigneur Suprême, II.45)
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asana (II.46-48), la posture qui devra être sthira sukham : stable et confortable
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pranayama (I.34, II-49-52), le contrôle (ayama) du souffle (prana)
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pratyahara (II.54-55), le retrait des sens hors de leurs supports objectifs.
Les 3 derniers « anga » sont :
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Dharana (I.29, I.35-39), la concentration, fixation du mental
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Dhyana (I.29, II.11) : la concentration fermement maintenue
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Samadhi (II.2, II.45, III.3) : l’enstase, la grâce, l’unification
Ces trois derniers membres forment le stade intérieur, antaranga (III.7) qui convergent ensemble, le samyama (III.4). On arrive alors à un état de non attachement, Vayragya (I.12, I.15-16, I.21, I.40, III.51).
Comme pour la pratique, il y a divers degrés de détachement (I.15-16) :
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yatamana : effort pour s’éloigner du désir
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vyatireka : discernement de l’attrait des objets, des sens : le détachement
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ekendriya : les sens sont détachés mais les impressions restent vivaces
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vasikara : contrôle du désir
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paravairagya : absence totale d’attachement
Un but : le samadhi
Ces 8 « anga » conduisent vers le contrôle des modifications du mental, le cittavrttinirodha du sutra I.2. Mais avant d’arriver à NIRBIJASAMADHI (le samadhi sans semence, sans samskara; I.51), il faut aller au-delà de l’ignorance (avidya).
Il existe des états de samadhi qui dépendent d’un support : les SABIJASAMADHI.
Savitarka, nirvitarka, savicara, nirvicara, ananda et asmita. Ils dépendent tous d’un objet qui comprend l’intelligence (buddhi) et le principe du “je” (asmita). Iyengar écrit que : “il est intéressant de noter que les 6 samapatti correspondent aux fonctions du cerveau. La source de l’analyse (savitarka) ou de son absence (nirvitarka) est le cerveau frontal. La source de l’investigation et de l’examen (savicara) ou leur absence (nirvicara) se trouve en arrière du cerveau. La joie (ananda) a sa source à la base du cerveau, et l’individualité (asmita), au sommet.” En pratiquant le yoga, le “sadhaka oriente son attention du grossier vers le subtil. Lorsqu’il atteint la maîtrise parfaite de la nature, comme le cerveau fait partie de la nature, il contrôle parfaitement les différents modes de la conscience.” (Lumière sur les Yoga Sutra de Patajanli)
Ce n’est qu’avec Nirbijasamadhi qu’on peut atteindre KAIVALYA, la libération des causes d’afflictions (les klesas), du jeu des gunas (cf Les gunas). Alors et seulement alors Tada Drastuh Svarupe Vasthanam (I.3) : le témoin est établi dans sa propre nature. C’est la fin du samyoga (le samyoga décrit l’interaction de Purusha et Prakriti – cf Pour comprendre la philosophie du Samkhya : une explication du monde …) : c’est la Conscience Pure ! Bref on revient au tout départ. Le yoga est une involution, révolution !
Atha Yoga Anusasanam (YS I.1) : et maintenant le yoga !
Je voudrais remercier Kent Burgess (que vous pouvez suivre sur facebook) pour le crédit photo de la magnifique fleur en illustration. C’est un photographe hors pair et dont les messages plein de sagesse me touchent beaucoup au-delà de la langue. Il m’a autorisé à utiliser gratuitement sa photo pour illustrer mon blog.