Yoga sutra de Patanjali : introduction

Yoga sutra de Patanjali - les notions essentielles

Il y a peu, j’ai édité un article qui étudie les premières lignes des Yoga sutras de Patanjali, cf Yoga sutra de Patanjali : introduction

Le présent article va vous permettre de mieux appréhender la structure des yoga sutra. J’utilise à dessein, les mots sanskrits avec une traduction afin de vous familiariser.

Pourquoi ? La connaissance du yoga, son intégration passe par divers chemins et méthodes. Utiliser le mot sanskrit, ce n’est pas étaler mes connaissances, c’est s’imprégner des notions dont la traduction est très réductrice. A un moment donné, le mot prend une dimension plus large que le mot de la traduction. Alors, vous vous imprégnez encore plus de ce qu’est le yoga.

Avez vous jamais essayé d’expliquer le yoga ?

Je trouve que c’est dur de trouver le juste mot qui soit à la fois entendable et compréhensible pour la personne qui vous écoute. Bien souvent, d’ailleurs, on adapte son explication à la personne en face de soi. Alors que si vous vous imprégnez au fur et à mesure de votre chemin de la signification profonde revêtue par le mot sanskrit, à mon sens, on touche plus à l’essence même de ce qu’est le yoga.

Je vous ai peut être déjà parlé du chanting des yoga sutra : il s’agit de chanter et non pas de réciter les Yoga Sutras de Patanjali. Pour moi, cet acte entre dans deux des voies du yoga : le jnana yoga et le bhakti yoga.

Le jnana yoga, c’est le yoga de la connaissance. Connaissance des textes du yoga mais aussi svadhyaya, la connaissance de soi. Le bhakti yoga, c’est le yoga de la dévotion. Le plus souvent à un dieu tel Krishna. Mais dans mon esprit (et il s’agit d’une interprétation de ma part) à une transcendance qui m’est supérieure.

Chacun a sa méthode : le chanting a cette vertu de me poser là à un endroit bien précis quand d’autres pratiques, bien que plaisantes, ne parviennent pas à m’ancrer complètement. En même temps que je chante, je relis les commentaires en français des sutras. La Science du Yoga de Taimini est un traité très complet des yoga sutras et qui revient sur les notions de base pour bien comprendre les aphorismes. Je suis loin de tout avoir lu mais ils m’apportent un éclairage très précis, aspect que j’apprécie particulièrement.

Patanjali, l'auteur des yoga sutras ?

On ignore qui est vraiment Patanjali.Il aurait vécu entre -300 et 500 après Jésus Christ. Il s’agirait plutôt de la convergence en un nom de plusieurs personnes. Patanjali serait à la fois l’auteur des Yoga Sutras, d’un commentaire sur la Grammaire de Panini (qui est le texte fondateur de la syntaxe, sémantique et morphologie du sanskrit) et d’un livre sur l’Ayurveda. Selon la légende, il serait le fils tombé du ciel d’une grande yogini, Gonika. Gonika n’avait pas de fils et priait les dieux pour donner naissance à un enfant. Ses prières ont été exaucées. Ce sera Patanjali : Pata signifiant Tomber et anjali, offrande et mains jointes en prière. Arrivé sur terre sous la forme d’un petit serpent, il prendra forme humaine. C’est pourquoi, Patanjali est souvent représenté avec une queue de serpent. Il est assimilé à Shesha (ou Ananta ou Adisesa), le serpent à mille têtes, qui sert de couche au dieu Vishnou.
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La structure des yoga sutras

Les Yoga Sutra, ce sont 195 aphorismes, versets, sourates. Des petites phrases. Souvent obscures. C’est pourquoi les yoga sutras ont été beaucoup commentés.
Les Yoga Sutras s’enchaînent comme un fil de pensée et s’ordonnent en 4 “pada”, qu’on traduit par chapitre :
  • samadhi pada: l’extase, la grâce
  • sadhana pada : la pratique
  • vibhuti pada: le déploiement, les pouvoirs
  • kaivalya pada: la libération, la plénitude
  • Patanjali fonde le yoga en 8 membres : le ashtanga yoga.

    Le ashtanga yoga de Patanjali

    On y trouve :

    • les yama (II.30), principes universels – ce sont les réfrènements à avoir vis-à-vis de la société: ahimsa (la non violence, II.35), satya (la véracité, II.36), asteya (absence de vol, II.37), brahmacarya (continence, II.38) et aparigraha (la pauvreté, II.39)

    • les nyama (II.32), principes universels à avoir envers soi -même – les disciplines : sauca (pureté, II.32 et II.40), santosa (le contentement, II.42), tapas (dédication, austérité, II.43), svadhyaya (l’étude des écritures et de soi, II.44) et isvara pranidhana (abandon total au Seigneur Suprême, II.45)

    • asana (II.46-48), la posture qui devra être sthira sukham : stable et confortable

    • pranayama (I.34, II-49-52), le contrôle (ayama) du souffle (prana)

    • pratyahara (II.54-55), le retrait des sens hors de leurs supports objectifs.

    Ces 5 premiers « anga » (membres) s’ils sont supportés par tapas, le feu (II.1) et japa (I.28), la récitation du son OM, établissent les fondements de la sadhana, la pratique qui doit être répétée (abhyasa, I.12; IV.3). Patanjali distingue alors les 3 niveaux de pratique (I.21-22) : mrdu (doux), madhyama (moyen) et adhimatra (intense).

    Les 3 derniers « anga » sont :

    • Dharana (I.29, I.35-39), la concentration, fixation du mental

    • Dhyana (I.29, II.11) : la concentration fermement maintenue

    • Samadhi (II.2, II.45, III.3) : l’enstase, la grâce, l’unification

    Ces trois derniers membres forment le stade intérieur, antaranga (III.7) qui convergent ensemble, le samyama (III.4). On arrive alors à un état de non attachement, Vayragya (I.12, I.15-16, I.21, I.40, III.51).

    Comme pour la pratique, il y a divers degrés de détachement (I.15-16) :

    • yatamana : effort pour s’éloigner du désir

    • vyatireka : discernement de l’attrait des objets, des sens : le détachement

    • ekendriya : les sens sont détachés mais les impressions restent vivaces

    • vasikara : contrôle du désir

    • paravairagya : absence totale d’attachement

    Un but : le samadhi

    Ces 8 « anga » conduisent vers le contrôle des modifications du mental, le cittavrttinirodha du sutra I.2. Mais avant d’arriver à NIRBIJASAMADHI (le samadhi sans semence, sans samskara; I.51), il faut aller au-delà de l’ignorance (avidya).

    Il existe des états de samadhi qui dépendent d’un support : les SABIJASAMADHI.

    Savitarka, nirvitarka, savicara, nirvicara, ananda et asmita. Ils dépendent tous d’un objet qui comprend l’intelligence (buddhi) et le principe du “je” (asmita). Iyengar écrit que : “il est intéressant de noter que les 6 samapatti correspondent aux fonctions du cerveau. La source de l’analyse (savitarka) ou de son absence (nirvitarka) est le cerveau frontal. La source de l’investigation et de l’examen (savicara) ou leur absence (nirvicara) se trouve en arrière du cerveau. La joie (ananda) a sa source à la base du cerveau, et l’individualité (asmita), au sommet.” En pratiquant le yoga, le “sadhaka oriente son attention du grossier vers le subtil. Lorsqu’il atteint la maîtrise parfaite de la nature, comme le cerveau fait partie de la nature, il contrôle parfaitement les différents modes de la conscience.” (Lumière sur les Yoga Sutra de Patajanli)

    Ce n’est qu’avec Nirbijasamadhi qu’on peut atteindre KAIVALYA, la libération des causes d’afflictions (les klesas), du jeu des gunas (cf Les gunas). Alors et seulement alors Tada Drastuh Svarupe Vasthanam (I.3) : le témoin est établi dans sa propre nature. C’est la fin du samyoga (le samyoga décrit l’interaction de Purusha et Prakriti – cf Pour comprendre la philosophie du Samkhya : une explication du monde …) : c’est la Conscience Pure ! Bref on revient au tout départ. Le yoga est une involution, révolution !

    Atha Yoga Anusasanam (YS I.1) : et maintenant le yoga !

    Je voudrais remercier Kent Burgess (que vous pouvez suivre sur facebook) pour le crédit photo de la magnifique fleur en illustration. C’est un photographe hors pair et dont les messages plein de sagesse me touchent beaucoup au-delà de la langue. Il m’a autorisé à utiliser gratuitement sa photo pour illustrer mon blog.

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