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Yoga sutra de Patanjali : les compagnons de la dispersion mentale (I31)

Les compagnons de la dispersion mentale

Yoga sutra de Patanjali - I.31

I-31 Duhkha daurmanasya angamejayatva shvasaprashvasa vikshepa sahabhuvah - La souffrance, l'angoisse, la nervosité, une inspiration et une expiration accélérées sont les compagnons de cette dispersion mentale

Les 9 obstacles que nous avons vu auparavant (lire les articles  Yoga Sutra de Patanjali I30 ) s’accompagnent de 5 de plus.

Intéressons nous un instant sur DUKHA. La traduction de douleur ou souffrance est inadéquate. Il faut comprendre la dimension du terme avec son étymologie : DU + KHA.

DU c’est ce qui n’est pas plaisant, inconfortable. KHA  c’est l’ESPACE (comme dans AKHASA). Alors DUKHA devient cet espace inconfortable où l’espace mental et physique se remplissent d’impureté indésirable et perdent leur consistance.

Le premier espace auquel l’on pense c’est l’espace du cœur HRIDAYA. DUKHA ce n’est pas forcément quand je me tords physiquement de douleur mais c’est cet inconfort qui va naitre et grandir de cet absence d’espace. Nos histoires, nos idées, nos maux physiques viennent progressivement nous brouiller, nous diluer. Nous devenons obséder par exemple par des idées. Quand nous nous focalisons sur DUKHA en nous, douleurs physiques, idées et histoires du mental, émotions, notre espace se réduit et cela crée une espèce de stress. L’espace du corps se replie, l’espace du mental se focale uniquement là dessus, l’espace du cœur saigne. Il faut alors du temps pour récupérer une certaine ataraxie (au premier sens du terme : tranquillité de l’âme, selon la racine grecque, sans aller plus loin dans les concepts philosophiques).

Le désir que nous éprouvons pour un éveil spirituel nous pousse à pratiquer mais la distraction induite par la douleur ne nous permet pas de pratiquer sans interruption. Alors nous nous agitons. Nous nous en voulons et nous en voulons aux autres. Commence ce que j’appelle l’auto-flagellation ou le syndrome de Caliméro. Ce que je fais est nul ! Je suis nul(le) ! N’y voyez pas quelque chose de péjoratif. Bien sûr que nous sommes conditionnés : par notre milieu social, notre éducation parentale, notre famille, par le milieu éducatif, par nos amis et notre boulot, par l’endroit où nous vivons, par la société en général. Et puis il y a aussi notre responsabilité. On ne se fout jamais la paix. Jamais. On veut plus, toujours plus. Il n’y a pas de finitude à notre satisfaction. Et on s’enferme dans notre propre prison mentale.

C’est pourquoi, je pense que ce sutra, il faut le mettre en lien avec Carpe diem, ou le non attachement / détachement, ou le silence. Le mot exact peut être n’existe pas. En tous les cas, je ne sais lequel utiliser.

Je pense que le silence est un espace qui a son propre son. Et bien c’est cela. Sortir du brouhaha de nos vies. Rechercher cette stabilité de l’âme. Cela ne signifie nullement “apathie”, comme certains le décrivent. C’est le contraire de l’agitation mentale qui va être le terrain d’un mouvement de colère et d’animosité. Il n’y a qu’à regarder autour de nous. Beaucoup de colère et d’animosité. Maintenant sachons reconnaitre ce qui nous ennuie ou nous ronge … Bien sûr que je ne comprends pas la réaction de certaines personnes et cela me perturbe. Suis-je dans l’erreur ? Sont-ils dans l’erreur ? On est en colère parce que nos valeurs sont atteintes. Mais sont-elles plus valables que celles d’une autre personne ? En yoga, toutes ces interrogations disparaissent. Disons aussi qu’à travers tous ces siècles, les yogis ne se sont pas posés de question sur le devenir de l’humanité. Je pense aussi que l’angoisse qui nous tient vient aussi du fait que nous avons plus de facilité (notamment technologique) pour nous rendre compte de ce qui se passe à l’échelle mondiale.

Par contre, les manifestations de cette angoisse restent les mêmes. Notre corps monte en stress et la réponse respiratoire suit : une inspiration et une expiration qui se diluent et qui deviennent anarchiques, désordonnées. Plus l’agitation mentale va s’accentuer, plus les pauses respiratoires seront importantes. Et oui, nous sommes en apnée. Observez vous quand vous commencez à bouillir ! Et observez à quel point l’espace se réduit ! Le déséquilibre s’accentue ! Nous souffrons de ce déséquilibre, de cette frustration, de désespoir (ou perte d’espoir).

La solution ? Elle viendra avec les autres sutra mais vous pouvez déjà en devinez certaines !

Pour aller plus loin

traduction des mots sanskrits

Dukha : douleur, souffrance
Daurmanasya: pensée négative, frustration
ejayatva : angoisse
Svasa : inspiration

Prasvasah : expiration
Viksepa : distraction, inattention

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